Bouchaba Zhor
” Soufi mon amour”, roman d’Elif Shafak, rédigé sur 472 pages, un long voyage spirituel dans le temps et dans l’espace,
une description de soufisme, de l’amour, de la tolérance, une prise de conscience surprenante, bref un électrochoc pour le lecteur.
A travers deux personnages contemporains et deux érudits du XIII siècle, l’auteure a pratiqué sa magie tout en naviguant entre les chapitres, laisse son lecteur inspirer, mettre ses idées en question, plutôt remettre les pendules à l’heure.
Le roman est passionnant. Il regroupe deux histoires apparemment différentes et grâce à une merveilleuse plume, l’auteure nous a mis sur scène avec ses deux personnages Ella, femme au foyer, juive non pratiquante, et son amour Aziz, musulman soufi, auteur du manuscrit « Doux blasphème », envoyé à une maison d’Edition, qui en confie la lecture à Ella. Cette dernière et à l’âge de 40 ans, encouragée par son mari, décroche son premier emploi comme lectrice auprès d’un agent littéraire.
Ella se passionne pour le manuscrit d’Aziz-z-Zahara qui raconte l’histoire de Shams de Tabriz du XIII siècle, le derviche, rebelle, indiscipliné, créateur des 40 règles de l’amour, erré pour la rencontre de son maitre Jalal Eddine roumi le célèbre poète mystique qui a profondément influencé le soufisme. Shems a réalisé son projet et rencontrait son compagnon spirituel, l’union de ces deux saveurs a bouleversé le parcours de la mentalité sociale de l’époque et aussi celle d’Ella et son amant Aziz.
L’auteur a soupesé son prologue avec une épreuve ressourcée de la nature (jeter une pierre dans un lac, dans un ruisseau, dans une rivière…) pour évaluer l’existence qualificative de son personnage principal, et le positionner au sein de son entourage, sachant qu’Ella Rubinstein semblable à un lac calme tranquille, mène une vie aisée avec son mari et ses trois enfants, sans oublier son chien, le compagnon fidèle. D’après Ella, l’amour et le lien émotionnel sont toujours en plan secondaire surtout pour une femme et un homme unis depuis longtemps.
Après 20 ans de mariage, soudain une pierre fut jetée sur le lac tranquille et provoqua un bouleversement sur le plan sentimental, qui a changé radicalement la vie d’Ella, cette dernière et pour la première fois a pris une décision validée par une demande de divorce, et cela bien à l’âge de quarante ans.
ANALYSE
Après un bon moment de réflexion et d’hésitation, Ella décida de lire le manuscrit « doux blasphème » et remettre le rapport au temps imparti auprès de l’agence littéraire Roman historique et mystique qui parle du soufisme en XIII siècle à Kounia en Asie mineure, fondé par Jalal Eddine roumi et son disciple le derviche Shems Tabriz, le sujet intrigua à Ella, en découvrant que XXI siècle et le XIII, deux périodes d’affrontement religieux, d’incompréhension culturel, de l’absence totale de l’amour. Au milieu de cette étape turbulente de l’histoire du monde islamique vivait un érudit appelé Jalal Eddine Roumi, le persan marquait la spiritualité islamique par ses œuvres traduits tardivement en plusieurs langues et malgré que le soufisme est une branche de l’islam, resta toujours considéré avec méfiance chez nos exégètes extrémistes qui analysent les textes coraniques dans un sens unique et superficiel sous motif la sacralisation du coran, négligeant l’universalité de l’islam ainsi marginalisé le soufisme, marginalisé l’humanité, la tolérance , des références importants de l’islam.
Appelant à un djihad vers l’extérieur afin d’éliminer les infidèles de l’islam, les tuer, les massacrer,instaurer une loi par procuration et l’exercer. Or l’approche à Dieu peut prendre plusieurs formes : danse, musique, dikr, différents et nul type, pour une simple raison : la croyance est un acte intérieur exclusif entre Dieu et le croyant , concrétisé par la bonne conduite avec autrui , au lieu de consacrer le temps à la religion , prendre le temps de donner naissance à l’amour entre les êtres humains . L’amour est la graine de la religion, cette graine a besoin d’un cocon chaud pour grandir, se développer et e se multiplier. Aimer l’autre c’est croire en Dieu.
